L’e-commerce est un vrai travail, pas un jeu
Depuis quelques jours sur mes réseaux sociaux, je vois passer cette étude “Français, tous e-commerçants!” mandatée par PayPlug et réalisée par l’institut de sondage Yougov …si le titre m’interpelle, certains chiffres encore plus !
On les croirait sorti d’une de ces réclames éhontées comme on en croise des centaines sur Facebook, pour des formations de vendeurs de rêve qui vont nous apprendre à devenir milliardaire en quelques semaines.
Cette étude a au moins le mérite de montrer qu’il existe un problème sérieux sur la représentation du e-commerce auprès de la société française : la facilité fantasmée du e-commerce.
Quand je lis que « 76% [des Français sondés] estiment qu’ils pourraient vivre d’une boutique en ligne » et « qu’un français sur 4 prêt à quitter son emploi pour lancer sa boutique en ligne », je me rends compte que les histoires racontées partout sur le net sur ces entrepreneurs du e-commerce qui ne travaillent pas et qui ont des revenus qui tombent et qui boivent des cocktails sur la plage toute la journée (j’exagère à peine) sont devenus pour beaucoup la vision de cette activité en dépit de la réalité.
Qu’on se le dise tout de suite : l’e-commerce est un vrai travail, pas un jeu.
Si tout le monde sait que les ventes en e-commerce s’effectuent automatiquement – sans que l’e-commerçant n’ait besoin d’être présent – que ce soit de jour comme de nuit; et que les plus avertis (et les mieux conseillés ?) savent qu’il est possible d’automatiser une partie de son activité, de sous-traiter ses expéditions, de générer automatiquement ses factures de ventes ; il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg !
- Un e-commerçant, c’est un entrepreneur qui comme un commerçant classique doit gérer :
- Une partie administrative (créer et immatriculer une entreprise) ;
- Effectuer un travail de comptabilité important (génération des factures de ventes, gestion et déclaration de la TVA, bilan fiscal annuel etc.) ;
- Être un gestionnaire de tous les instants (flux de trésorerie, gestion des stocks, …) ;
- Maîtriser sa logistique (gérer son stock, ses expéditions, ses réapprovisionnements de marchandises…) ;
Mais aussi s’atteler à la partie « e- » du e-commerce en :
- Développant (ou faire développer) un site web, l’optimiser et le faire vivre ;
- Rédigeant ses mentions légales, sa politique de confidentialité (coucou RGPD ?), ses CGU/CGV etc. ;
- Travaillant son référencement au jour le jour ;
- Gérant ses campagnes de publicités (SEA, SEM) ;
- Marketant sa boutique, animant une communauté web ;
Et après il va lui falloir conseiller les clients avant leurs achats puis gérer le SAV.
Tout ça alors qu’il va falloir exister et se démarquer des centaines de milliers de site e-commerce qui existent déjà.
Est-ce que vous pensez un seul instant que 76% des français sont prêts et formés pour ça ? Ou même ne serait-ce qu’un quart (ceux prêt à quitte leur emploi) ?
La réponse est assurément non ! Pourtant 76% des gens interrogés pensent qu’ils peuvent vivre d’une boutique.
Pourquoi un tel écart entre la réalité et la vision des gens ? Entre les faits et le rêve de l’argent facile ? Deux causes à mes yeux : les médias et les vendeurs de « formations ».
Les médias, parce qu’ils propagent les mythes et les success stories des e-commerçants à succès ou qui arrivent à peu travailler et avoir la belle vie. Belle vie possible car ces-e-commerçants ont tout optimisés, automatisés et sous-traités leur business. Mais ce succès n’est pas arrivé du jour au lendemain ! Il leur a fallu probablement des années pour en arriver là.
Les vendeurs de « formations », ceux là même qui vendent « les secrets de l’argent facile » sont responsables de cette désinformation du grand public. En effet, ils pullulent sur internet et dépensent une fortune pour se faire connaitre auprès des gogos crédules en recherche d’argent facile.
Leur commerce est de vendre des formations, des recettes miracles, un moyen, de devenir riche rapidement et sans efforts. Ils existent depuis toujours et ne travaillent pas, se contentant de vendre du rêve. Leurs produits changent en fonctions des modes (avant c’était la bourse, puis le marketing multi niveau, maintenant c’est le “drop-shipping” et la vente sur Amazon via le FBA) mais c’est toujours les mêmes recettes et discours derrières : la promesse d’un gain facile et rapide.
Or le e-commerce n’est rien de tout ça. Si tout le monde peut créer un catalogue en ligne, réussir à vendre et à en vivre c’est autre chose. Je me permet de me répéter : l’e-commerce est un vrai travail, pas un jeu.