Travailler de chez soi et réussir à quitter le travail
Travailler de chez soi (télétravail, « home office » etc.), que ce soit à plein temps ou à temps partiel est devenu courant.
Si les avantages sont nombreux – pas de temps de trajet ; plus de temps auprès des siens ; aménagement des horaires plus libre etc. – il ne faut pas pour autant négliger les effets parfois négatifs du travail à domicile. Notamment quelque chose que tous ceux qui ont pu travailler de chez eux à long terme ont éprouvé au moins une fois : l’impression de ne pouvoir déconnecter.
En travaillant de chez vous, vous effacez les repères spatiotemporels qui encadrent le travail et cela peut être périlleux. C’est le risque de mélanger plus que de raison vie professionnelle et vie personnelle, au point parfois de voir cette dernière intoxiquée par le travail.
Deux facteurs peuvent accentuer ce mélange des genres :
– Être un solo entrepreneur : quand on entreprend on est généralement tellement à fond dans son truc qu’il est déjà difficile de prendre du recul. Entreprendre en solitaire démultiplie cette implication : vous êtes davantage responsabilisé (et mis sous pression !) parce que vous êtes le seul responsable et garant de votre réussite, rendant ainsi plus important le risque d’isolement et de non déconnexion ;
– Vivre seul : En vivant seul vous avez moins de « distractions » et de « rappel à la réalité sociale ». Vivre seul c’est être privé du rythme donné par un compagnon qui part et rentre du travail à heure fixe ou des enfants et de leurs horaires d’école.
1 – Créer des sas
La principale différence entre travailler à domicile et dans un bureau, c’est bien évidemment la situation géographique : vous travaillez de chez vous (et oui 😊). Pas de trajet entre chez vous et le boulot. Donc vous n’avez pas de sas de décompression avant et après le travail.
Ce que j’appelle sas, c’est un moment de transition entre votre vie personnelle et le travail. On n’est pas des machines, nous ne possédons par un interrupteur « on/off » qui nous permet de passer d’un état à un autre. Le relâchement se fait progressivement. Ces sas sont donc des moments qui vous permettent de vous vider la tête.
Un des sas les plus évidents et efficaces : le trajet domicile-travail. Prendre sa voiture, le métro, le vélo… permet de quitter (physiquement et symboliquement) le travail. En vous concentrant sur votre conduite ou en lisant un livre dans le métro, vous ne pensez plus au travail et cela fait du bien 🙂
Dans le cadre du travail chez soi, on n’a pas cette coupure. Vous fermez l’ordinateur et paf vous êtes…chez vous. La transition n’est alors pas évidente et peut conduire à la situation de ne pas quitter le travail. Ou l’inverse : se lever et se mettre au travail tout de suite peut s’avérer improductif.
L’idée est de vous trouver des sas pour bien couper vos deux activités. Par exemple :
Le matin :
Douchez-vous, petit déjeunez, habillez-vous comme si vous alliez au travail, lisez un peu le journal ou écoutez la radio et seulement après tout ça, allumez l’ordinateur et commencez votre journée.
En fin de journée :
Fermez l’ordinateur, coupez votre smartphone. Faites quelques étirements (ça fait toujours du bien après être resté vissé à sa chaise 😉). Mangez un snack. Puis allez-vous aérer: allez faire les courses ; allez au sport ; faites du jardinage si vous avez la chance d’avoir un jardin ou juste allez marcher dans le parc pas loin de chez vous… mais sortez ! 🙂
Vous avez compris que l’idée de s’aérer l’esprit et le corps est primordiale ici. Essayez ! 😉 Vous allez vraiment sentir les effets désintoxiquant apportés par un changement de décors.
2-Travailler à horaire régulier
Travailler à horaire régulier vous permet de bien délimiter les moments consacrés au travail et ceux à votre vie perso. Si bosser depuis chez vous vous permet d’organiser votre emploi du temps comme vous le sentez, cela ne veut pas dire que vous devez travailler n’importe quand et comment.
L’important est d’avoir des moments travail et des moments à vous, organisés de manière régulière. L’idée est d’être efficace quand vous devez travailler et aussi de pouvoir déconnecter quand vous déconnectez.
Si vous vivez en couple ou en famille, il va être très important de fixer ces moments travail. Car si votre domicile est aussi votre lieu de travail, ce n’est pas le cas pour le reste du foyer. Il est important de savoir délimiter les moments où vous êtes disponible et les moments où vous travaillez.
3-Travailler à un endroit fixe et adéquat
Essayez d’avoir un endroit pour travailler, dans lequel vous êtes à l’aise. Ne transformez pas toute votre maison en travail.
Premièrement, qu’on se le dise dès maintenant : le lit ou le canapé, c’est confortable mais ne vous rend pas productif. Donc on oublie 😉
Ensuite, ne transformez pas votre domicile en bureau ! Sinon vous aurez du mal à décrocher du travail ou alors à vous y mettre. Si vous avez la possibilité de vous aménager une pièce, cela ne sera que plus simple de « quitter » votre travail. Une porte à fermer, c’est un symbole fort et pratique.
Puis pour ceux qui ne sont pas seuls, pensez aux autres habitants de votre foyer : ils n’ont pas forcément envie de vivre dans une extension de votre bureau.
4 – Tâches professionnelles et ménagères : ne pas (trop) mélanger les deux !
Si travailler à domicile vous offre plus de liberté et flexibilité, il ne faut pas oublier que vous êtes en train de travailler.
Chez soit on peut vite être distrait : une course à faire, un rdv chez le docteur ou le coiffeur en milieu de journée ; un enfant à récupérer après le sport etc… et tant mieux, vous pouvez vous le permettre : vous n’êtes pas au bureau, vous vous organisez comme vous le voulez.
Mais pour autant, il ne faut pas que cela devienne systématique !
Premièrement, votre productivité va en prendre un coup : le cerveau n’aime pas être interrompu sans cesse et passer sans arrêt de tâches différentes en tâches différentes. Chaque interruption demande une reprise qui est coûteuse en énergie.
Secondement, si vous mélangez les tâches pros et perso au long de la journée, vous rendez flou les limites entre vos activités. Il devient difficile de créer des sas. Vous aurez toujours l’impression d’avoir quelque chose à faire soit pour le travail, soit pour vous. Au risque de ne pas savoir « déconnecter » de vos activités. C’est la fameuse charge mentale, celle qui conduit à la fatigue et à l’épuisement mental voire au craquage.
Travailler depuis chez soi est une belle aventure. Suffisamment pour qu’elle mérite d’être essayée. Cette façon de travailler séduit d’ailleurs chaque année de plus en plus de personnes.
Vous aurez compris que pour travailler chez soi sans que ce soit « toxique » il vous faut ritualiser : le même endroit pour travailler à horaire régulier. Et surtout vous assurer de pouvoir déconnecter après le travail et séparer votre vie personnelle de votre vie professionnelle…même si les deux ont lieu au même endroit 😉